Qu’est-ce que le syndrome de la détresse acquise !

Bonjour,

Cela fait depuis quelques temps que plusieurs personnes me parlent de la détresse acquise que certains comportementalistes , éducateurs, dresseurs ( pour ma part je déteste ce therme) lancent en pleine figure des propriétaires désemparés pour expliquer un comportement apathique, timide, peureux ou destructeur de leurs loulous.

La définition : c’est un sentiment d'impuissance permanente et générale qui résulte du vécu d'un animal ou d'un humain. Ce sentiment est provoqué par le fait d'être plongé, de façon durable ou répétée, dans des situations (factuellement nuisibles,) en lesquelles l'individu ne peut agir et auxquelles il ne peut échapper. L’impuissance apprise se rapproche de la dépression, de l’anxiété, et du désespoir, et est corrélée à ces types de souffrances psychiques .

Cela signifie que les méthodes coercitives telles que saccades, colliers électriques, étrangleurs, coups, "travail" en double laisse, la privation de choix, la contrainte, les ordres incessants… en permanence et en continue, peuvent entraîner le chien dans un état que l'on nomme détresse acquise, impuissance apprise ou encore résignation acquise. De ce fait à force d’avoir enduré un traitement de la sorte, de façon répétitive et permanente et si vous lui présentez une échappatoire ou un autre choix que celui de subir, le chien ne manifestera aucune réaction même celle de fuir.

La symptomatique de cet état correspond à peu de choses près à celle de la dépression.

Exemple de dressage canin traditionnel en méthodes de dressage coercitives (basées sur la punition) : je veux que mon chien marche au pied. Je donne alors un coup sur la laisse chaque fois qu’il s’éloigne (ou choc électrique, ou collier étrangleur). Le chien n’apprend pas qu’il doit être au pied, il apprend que s’il bouge il aura mal et qu’il ne peut se soustraire à cette douleur.

Il se résigne, devient passif et chaque marche est alors un calvaire (impuissance acquise).

Martin Seligman en tire quelques conclusions : le traumatisme réduit la motivation à réagir, les expériences traumatiques interdiraient l’apprentissage de nouvelles réponses. Cet état serait un des facteurs de la dépression et/ou de l’anxiété.

Cette résignation entraîne, selon Klüver (psychologue) et Bucy (neurochirurgien), des dommages physiques et psychologiques chez l’individu placé en état de détresse acquise tels que des troubles de la mémoire, une mobilité incessante ou même la disparition de la peur ou encore un manque de motivation, ainsi que des troubles physiques liés au stress. ( argument souvent donnés par l'éducateur) On parle même de lobectomie (disparition d’une partie du cerveau).

Leurs recherches démontrent qu’un individu (humain ou animal), placé de façon durable ou répétée dans un environnement ou dans une situation stressante, nuisible, sur lequel il n’exerce aucun contrôle, finit par tomber dans un état de détresse cliniquement semblable à la dépression.

Lors de leurs différents essais en laboratoire (rats, humains, chiens), les chercheurs se rendent compte que l’individu comprend qu’il n’a aucun moyen de fuir ni lutter aux chocs électriques donnés (par exemple) et que toute action de fuite ou de rébellion est inefficace. L’individu finira donc par capituler et se résigner passivement à son sort soit, subir les chocs sans rien dire, sans bouger et même à attendre que cela arrive.

On le voit malheureusement beaucoup dans le monde du dressage de cheval par exemple où les animaux sont « cassés » ou « poussés à bout » par des entraîneurs ou autres chuchoteurs. Les chevaux deviennent alors presque des robots (manque de motivation, disparition des émotions), ne pouvant fuir et sont donc résignés à leur sort.

Le pire dans toute cette histoire, est que même si nous remettons l’individu dans une situation normale,

par exemple dans un environnement ou il n’y a plus de chocs électriques,

il reste tout aussi résigné. Un autre nom qui a été donné par les chercheurs Abramson, Metalsky et Alloy à l’état de détresse acquise est la « théorie du désespoir ».

Il semble évident que les intimidations et la violence, bien souvent légitimées par une volonté de "soumettre" sont à bannir de la relation entre le chien et l’humain. Voir ("Mythe du mâle Alpha") en anglais ou https://youtu.be/VQYcYGKAoLY ( expliqué en français ) (.*) Et pourtant, ces façons de faire existent encore bel et bien, et se trouvent parfois même banalisées, et normalisées

Le chien n'ayant aucun contrôle face à ces pressions physiques ou psychologiques finit dans certains cas par abdiquer. Ses capacités à apporter une réponse d'évitement aux situations contraignantes disparaissent car il comprend qu'il n'a aucune échappatoire et ne peut s'y soustraire. Ses signaux sont également raccourcis ou éteints, car sanctionnés ou non écoutés.

Résumé : si vous soumettez un chien à des chocs électriques tous les jours dans un box fermé, le jour où vous ouvrez le box celui-ci restera sans bouger et sans l’idée de s’enfuir et sera dans un état de résiliation à attendre les chocs électriques ou la mort.

Attention donc lorsqu’un comportementaliste vous annonce que votre chien et en détresse acquise car votre animal peut être en dépression sans être dans ce syndrome de torture mental ou physique. Si votre éducateur emploie ce terme à mauvais escient, c’est problématique si ce n’est pas le bon diagnostic, en plus d'être culpabilisant cela peut avoir des répercutions très négatives sur votre relation avec votre animal, et de ce fait : changez d'éducateur car le vôtre n'est pas très bon.

Exemple de situation non conforme au syndrome : si vous laissez votre chien toute la journée et qu’il semble un peu déprimé c’est peut-être de l’ennuie pas de la détresse acquise car dès qu’il vous voit il joue, mange, remue la queue et même s’il se cache derrière le canapé, car il sait que vous allez le gronder pour les bêtises faites (à ne pas faire, d’autre solutions comportementales existent) cela n’est pas de la détresse acquise. Et cela peut être traité avec un bon éducateur comportementaliste en méthodes positives.

Attention donc à ce terme qui veut dire une situation innommable (à mon sens), et dont beaucoup de dresseurs usent et abusent dans certaines situations qui n'ont rien à voir, et ce afin de se faire de l'argent facile sans trop savoir de quoi il parlent , et s'ils l’utilisent demander lui de vous expliquer ce qu'il entend en vous délivrant ce diagnostique et fuyez !

Il est en général, tout à fait possible, de rattraper une éducation punitive par le biais d’entraînement en méthodes positives en redonnant confiance au chien, en lui montrant qu’il a de nouveau le pouvoir de contrôler son environnement et s’exprimer, et en lui redonnant confiance en la gente humaine.

Le renforcement positif n’est pas égal à donner des bonbons à tout va, mais bien d’apprendre au chien à quoi faire dans telle ou telle situation, lui expliquer notre monde d’humain. Trouver des comportements alternatifs, entraîner le chien à reproduire de bons comportements, lui expliquer ce qu’on attend de lui via un réseau commun : la paye (cela peut être des friandises , des caresses des jeux, des ballades ou toute autre chose que votre animal affectionne on parle de récompense de haute valeur. ( La valeur est définie par les préférences de votre compagnon à quatre pattes) et le succès ! Ce sont les clés du renforcement positif (conditionnement classique ou opérant) bien utilisés.

Comment éviter la détresse acquise

• Permettre à votre chien de faire des choix

• L’éduquer avec des méthodes positives, sans douleur et sans stress

• Éviter les punitions et les menaces en éducation canine

• Respecter son consentement, qu’il ait le droit de dire «non» et reconnaître ces signaux

J’espère que vous avez pris plaisir à lire ce petit éditorial, prenez soin de vous, de vos poilus et de vos proches. A très bientôt pour un nouveau post.

(*) Mythe du mal Alpha : https://youtu.be/tNtFgdwTsbU (si vous comprenez l'anglais) ou https://youtu.be/VQYcYGKAoLY ( expliqué en français ) en plus d'une explication du pourquoi une éducation positive!

N’hésitez pas à me poser des questions ou si vous voulez que j’écrive sur un sujet particulier.